Ecrire. Indiscutablement. Les jours passent, les journées se remplissent, les humeurs varient, les sentiments vont et viennent au fil de l'eau, formant une écume dense et légère. J'ai pas la trempe d'un écrivain, pourtant je manie la plume. Mon arme, ma voix, mon haut parleur. Ce que je vis à la minute, à l'heure, s'éclipse à la seconde. Ma mémoire retient les jours comme Johnny retient la nuit. Des impressions à la pelle, tout le temps que cela en devient insoutenable tellement, je vis. Si je m'écoutais, je passerais mon temps à écrire deci-delà, stylo greffé à la place de l'index. J'écris parce que je pointe. Toute oreille tendue sur le monde j'écoute, je donne, je reçois, je m'en prends plein la gueule. Parfois. Souvent. Je suis un réceptacle à marée humaine. Je suis l'habitacle de la Cour des Miracles, un témoin tombé du ciel, avec une tête deux bras, une sensibilité à fleur de peau à m'en foutre les foies. Si Dieu m'a donné la foi, il m'a aussi confié ce drôle de don. Je pense, donc j'écris. Sympa, mais moi j'en fais quoi? Je me laisse guider? Télécommander? J'écris par l'opération du Saint Esprit ou je me persuade d'avoir du talent? Etre différent par les mots à quoi ça rime? Alors je m'adresse à toi, l'Illustre, le Grand, le Transparent. Si je suis ici-bas pour une mission d'ordre littéraire, fais-moi signe.